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Bon pour l’environnement et le portefeuille : le recyclage du plastique au Cameroun


Si l’on se fie à Roblain Namegni et Thomas Poelmans, avec le recyclage du plastique en Afrique vous ferez d’une pierre deux coups. Leur organisation « NAMé Recycling » a récemment gagné la compétition “Entrepreneurs sans frontières”. OneWorld a discuté avec ses fondateurs.


“ Il y a 18 mois nous avons lancé un rêve” nous dit Roblain Namegni. Le camerounais est arrivé en Belgique il y a 20 ans pour étudier l’économie. Celui-ci partage son accent flamand avec Thomas Poelmans. Si il y a bien une chose qu’ils veulent nous transmettre durant cette interview c’est leur ambition à atteindre la réussite de leur projet. Pour cela ils sont soutenus par l’hollandais Wim Hardeman. Thomas nous raconte ; “ à nous trois, nous avons les bonnes caractéristiques pour démarrer un business au Cameroun : Roblain connait le pays par cœur et a beaucoup de contacts. Quant à moi j’ai beaucoup d’expérience en ce qui concerne la mise en place de projets de recyclage en Afrique et Wim lui est notre expert technique. “


S’attaquer à une énorme quantité de déchets plastiques, pourquoi faire cela et comment?


Roblain Namegni : “ Le plastique est un problème global car il s’amasse dans le sol et il ne se décompose pas. Au Cameroun les déchets plastiques sont souvent jetés sur le bord des routes. Or, on peut facilement transformer le plastique en quelque chose qui a de la valeur, des nouvelles bouteilles par exemple. La quantité de déchets plastiques continue à augmenter. D’autre part, le chômage est chose courante en Afrique, il y a tellement d’africains qui ne parviennent pas à gagner leur pain. Imaginez-vous - parce que tout commence toujours avec un ‘imaginez-vous’ - qu’on puisse trouver des personnes pour collecter le plastique. Et puis qu’on puisse le recycler et le vendre sur le marché international. Ca serait parfait ! “. Mais pourquoi ne pas juste essayer de changer la mentalité des gens pour qu’ils ne jettent plus leurs déchets plastiques?

Thomas Poelmans : “ Il faut être conscient de la façon dont cette sensibilisation a prit place en Europe. Au cours des quinze ou vingt dernières années, les gens sont devenus extrêmement plus attentifs par rapport au fait que le plastique ne peut pas juste simplement être jeté par la fenêtre. En Afrique, cette prise de conscience n’existe pas encore. On peut se rendre là-bas et commencer de grandes campagnes de sensibilisation mais cela prend beaucoup de temps et d’argent. Cela concerne plutôt le gouvernement. Nous, nous nous concentrons sur le recyclage car c’est dans ce domaine que l’on peut générer du profit. Une motivation financière est cruciale pour la réussite de programmes de recyclage en Afrique. Le fait que l’on paie les personnes pour collecter des déchets permet d’établir une situation de “win-win”. C’est comme cela qu’on donne aux gens non-employés une chance de percevoir un revenu ; en les payant pour ramasser des bouteilles le long des routes. ”


C’est pour cela que ces messieurs veulent lancer une usine qui peut transformer des déchets plastiques en nouveaux plastiques. L’usine de recyclage se situe à Limbe, là où Roblain a grandit, à 70 kilomètres du port principal de la ville de Douala. Roblain pense que son choix de location a été leur meilleure stratégie jusqu’ici : « Limbe est une ville en croissance où les prix des entrepôts sont pour l’instant 5 fois plus bas qu’à Douala. Même si l’usine est implantée à Limbe, la collecte s’effectuera partout à travers le pays en commençant par Douala ». Si l’on se fie à Thomas ils tiennent une opportunité innovante ; “ pour le moment, il n’existe aucun parti qui fait ce que nous faisons : du recyclage à large échelle et par la même occasion rencontrer toutes les exigences européennes en se connectant toutefois avec le secteur informel local. “ De manière concrète comment abordez-vous votre partenariat avec le secteur informel ?


Thomas Poelmans : “ Pour le moment nous sommes en train d’établir un réseau de collecteurs qui vont s’occuper de la collecte pour nous. Nous sommes en mesure de mieux les payer que des marchands de plastique chinois ou libanais car nous utilisons des machines de traitement plastique. En résumé, nous allons soutenir des personnes qui collectent déjà du plastique dans des taudis pour leur collecte personnelle. “


Est-ce que vous employez ces personnes?


Thomas Poelmans ; “ Non, ces personnes sont payées par kilogramme collecté. “


Roblain Namegni ; “ Pour l’instant c’est toujours informel. Mais nous souhaitons offrir la sécurité qu’apporte un revenu. Si une personne est assurée de 100 euro par mois, elle peut continuer à vivre et envoyer ses enfants à l’école. “. Thomas Poelmans : “ A vrai dire, nous aimerions leurs offrir des contrats afin de leurs fournir plus de sécurité. D’autre part, nous voulons nous assurer de leurs performances afin de ne pas payer des gens à ne rien faire de leurs journées. Est-ce que vous vous concentrez exclusivement sur les déchets plastiques?


Thomas Poelmans ; “ Non, nous voulons collaborer avec des fabricants et des importateurs de plastique ”


Roblain Namegni : “ Au Cameroun, et dans beaucoup d’autres pays, il est obligatoire pour les fabricants et les importateurs de recycler leurs déchets. Cependant, il existe peu d’opportunités de recyclage. Cela est bon pour notre business car nous pouvons palier à cette pénurie. On peut se concentrer sur le recyclage obligatoire car ces firmes devront également nous rémunérer. "


Où aboutissent vos plastiques? Thomas Poelmans : " Chez des producteurs de boissons ou de bières locales mais aussi sur le marché international : nous connaissons des boites aux Pays-Bas et en Belgique qui sont très intéressées par nos produits. Par conséquent, nous essayons d’écouler nos produits sur le marché local du mieux que nous pouvons et nous évacuons le surplus sur le marché international via des firmes comme Coca-Cola. "


Quel est votre plus grand défi ? Roblain Namegni : “ Localement nous nous portons bien. Je débute en Afrique et évidemment je sais comment m’y prendre mais le plus grand défi c’est l’argent. Nous avons besoin de 400 000 euros pour acheter les machines en mesure de traiter le plastique. Ces machines nous sont essentielles afin d’être en mesure de lancer un business fructueux. “


Thomas Poelmans : “ Le projet que nous avons lancé est pour l’instant totalement financé par nos propres ressources. Nous disposons d’un entrepôt, nous payons des personnes afin de collecter du plastique pour nous mais nous avons besoin de ces 400 000 euros afin d’être financé par un parti qui croit en nous et qui a une perspective sociale et environnementale mais aussi économique. Parce que nous sommes tous deux entrepreneurs cela nous semble évident ; on ne veut pas seulement changer le monde, on veut aussi générer du profit. “.

Récemment, Thomas et Roblain ont testé s’ils seraient en mesure de collecter suffisamment de plastique ; “ C’est un grand succès ! ” nous raconte Roblain. Cela renforce leur confiance. Leur victoire à “Entrepreneurs sans frontières” a aussi contribué à renforcer leur foi en leur projet. Le jury a d’ailleurs qualifié ce projet de “social, durable and réaliste” notamment grâce à l’obligation de reprise des déchets plastiques au Cameroun. Roblain se souvient ; “ Entrepreneurs sans frontière nous a mis au défi de reconsidérer nos plans et les soumettre à l’opinion des autres. Notre victoire nous a conforté dans l’idée que nous détenons un plan d’entrepreneuriat solide. “


En définitive, ils veulent grandir, Roblain conclu ; " J’espère que dans une décennie ou quelque chose comme ça, nous pourrons commencer à opérer dans de nombreux autres pays d’Afrique Sub-Saharienne car les problèmes liés aux plastiques y sont uniformément pertinent là-bas. " Thomas approuve ; “ nous voulons démontrer que le recyclage du plastique peut fonctionner en Afrique. Cela peut générer des profits tout en prenant soin des personnes et de l’environnement. “

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